















Matière noire, Martin Désilets
Matière noire, Martin Désilets
Spectres de l'art
> En 2017, Martin Désilets entame Matière noire, une œuvre procédurale qui se déploie dans une temporalité étendue, une vie en fait. Matière noire consiste à photographier toutes les œuvres visuelles modernes et contemporaines présentes dans les musées, et à les superposer dans un même fichier numérique jusqu'à l'obtention d'un noir complet. Dans la surabondance d'images, qui provoque ce que beaucoup appellent une "crise de l'attention", l'artiste nous propose des œuvres paradoxales, à la fois éthérées et denses, qui nécessitent un ralentissement du regard.
> Le livre Matière noire présente les 100 premiers états de la série du même titre, et Tous les désastres de la guerre, une autre œuvre importante dans la carrière de l'artiste, réalisée en superposant les quatre-vingts gravures de la série Les désastres de la guerre de Francisco de Goya. Trois essais critiques des auteurs Catherine Nichols, Michel Poivert et Pauline Martin complètent cet ouvrage publié par la maison d'édition berlinoise Distanz.
> Revenons à la Matière noire et à son processus. Et peut-être, surtout, à la métaphore astrophysique contenue dans son titre : La "matière noire", ou "dark mater", résonne avec les fameux "trous noirs" dans l'imaginaire collectif. [...] Il y a un peu de cela dans Matière noire, quand on ramène la discussion au niveau de l'histoire de l'art. La superposition d'innombrables œuvres d'art, comme autant d'étoiles dont la lumière ne nous parvient plus, forme une sorte de plaque sensible qui serait le négatif de l'art. Ne s'agit-il pas de l'obscurcissement méthodique de la matière picturale, de l'opacification de l'écran de l'appareil photo, puis du tirage issu de la concaténation ? Si tout est flou, brouillé, opacifié, parfois jusqu'au noir, cette invisibilité est paradoxalement bien visible. C'est une masse de présences, mais qui ne montre que la succession des transparences dont il faut soustraire la matière. Il y a bien quelque chose de l'au-delà, et si ce n'est pas les limites extérieures enregistrées par la lentille de l'astronome, qu'est-ce que ce pourrait être d'autre que les fantômes de l'art ? - Michel Poivert
Distanz, 2025
Texte en anglais, français et allemand
Couverture rigide
28 × 21 cm
178 pages
ISBN : 978-3-95476-789-2
Matière noire, Martin Désilets
Spectres de l'art
> En 2017, Martin Désilets entame Matière noire, une œuvre procédurale qui se déploie dans une temporalité étendue, une vie en fait. Matière noire consiste à photographier toutes les œuvres visuelles modernes et contemporaines présentes dans les musées, et à les superposer dans un même fichier numérique jusqu'à l'obtention d'un noir complet. Dans la surabondance d'images, qui provoque ce que beaucoup appellent une "crise de l'attention", l'artiste nous propose des œuvres paradoxales, à la fois éthérées et denses, qui nécessitent un ralentissement du regard.
> Le livre Matière noire présente les 100 premiers états de la série du même titre, et Tous les désastres de la guerre, une autre œuvre importante dans la carrière de l'artiste, réalisée en superposant les quatre-vingts gravures de la série Les désastres de la guerre de Francisco de Goya. Trois essais critiques des auteurs Catherine Nichols, Michel Poivert et Pauline Martin complètent cet ouvrage publié par la maison d'édition berlinoise Distanz.
> Revenons à la Matière noire et à son processus. Et peut-être, surtout, à la métaphore astrophysique contenue dans son titre : La "matière noire", ou "dark mater", résonne avec les fameux "trous noirs" dans l'imaginaire collectif. [...] Il y a un peu de cela dans Matière noire, quand on ramène la discussion au niveau de l'histoire de l'art. La superposition d'innombrables œuvres d'art, comme autant d'étoiles dont la lumière ne nous parvient plus, forme une sorte de plaque sensible qui serait le négatif de l'art. Ne s'agit-il pas de l'obscurcissement méthodique de la matière picturale, de l'opacification de l'écran de l'appareil photo, puis du tirage issu de la concaténation ? Si tout est flou, brouillé, opacifié, parfois jusqu'au noir, cette invisibilité est paradoxalement bien visible. C'est une masse de présences, mais qui ne montre que la succession des transparences dont il faut soustraire la matière. Il y a bien quelque chose de l'au-delà, et si ce n'est pas les limites extérieures enregistrées par la lentille de l'astronome, qu'est-ce que ce pourrait être d'autre que les fantômes de l'art ? - Michel Poivert
Distanz, 2025
Texte en anglais, français et allemand
Couverture rigide
28 × 21 cm
178 pages
ISBN : 978-3-95476-789-2